CE QUE SAVAIT LE CHAT - GRIMES, Martha

Richard Jury, commissaire de Scotland Yard, est appelé sur une bien étrange affaire. Une jeune femme magnifique, habillée en tenue de gala, est retrouvée morte, assassinée, dans un petit village de la banlieue londonienne. Ce qui étonne Jury, plus que le meurtre, plus que le lieu incongru de la découverte du cadavre, c’est le mystère qui l’entoure : il faudra plusieurs jours avant de découvrir l’identité de la beauté assassinée.

La surprise alors va croissante : cette femme encore splendide à la morgue s’avère être la petite bibliothécaire du village, pas même jolie, terriblement insignifiante, au point que personne ne la reconnaît dans la photo de presse prise lors de la découverte de son cadavre. Pourquoi une femme recelant une telle beauté en elle se serait-elle terrée au fin fond de ce petit village, en prenant soin de ne jamais attirer l’attention ? Et pourquoi tuer quelqu’un qui semble aussi peu compter ?
Là où le problème se corse, c’est que le seul témoin du crime est le chat noir du pub derrière lequel a été assassinée la jeune femme.

Richard Jury est un héros récurrent de Martha Grimes. Comme souvent dans la littérature policière, le héros est un type qui joue de malchance dans sa vie personnelle, mais qui sait habilement mener ses enquêtes. Il va tout de même rencontrer quelques difficultés pour celle-ci, puisqu’il doit se plonger dans le monde de la haute-couture qui évidemment lui est totalement étranger. Mais, voilà qui tombe très bien, l’inspecteur local a une femme passionnée de mode qui lui a appris tous les repères que les fashionistas se doivent d’avoir ! C’est très amusant de le voir affirmer, gravement : « elle portait des Jimmy Choo ».
Autour de Jury évoluent plusieurs personnages, dont un dandy, homme libre mais suspecté par Jury d’être un dangereux criminel, adorant « jouer » avec le commissaire, qui ne rêve que de le coincer pour l’envoyer en prison. Il y a aussi Carole-Anne, sa charmante voisine, au style tout particulier :
« Le message était rédigé dans le style inimitable de Carole-Anne. Si l’archange Gabriel avait utilisé le même, le christianisme n’aurait probablement jamais percé. « SW a aplé. IC 2 Hi W di 1 fm 6gnl 10pru a Chess. Ca AV l’air urgent ». » J’ ai tenté de le décrypter mais j’ai vite dû abandonner !
La présence du chat noir lors du meurtre n’a rien d’anecdotique, car Jury se targue de pouvoir communiquer avec les animaux, à sa façon. Ces échanges, si je puis dire, créent des situations cocasses, qui pourront peut-être déplaire aux lecteurs cartésiens ou aux fans de la première heure du commissaire (qui n’avait pas, auparavant, ce petit penchant), mais j’ai trouvé que ça apportait une touche de légèreté à l’ensemble.
L’ambiance en effet est parfois assez tendue : contrairement à ce que l’on peut trouver dans d’autres romans policiers, on n’a pas ici à simplement élucider des meurtres. On apprend à connaître la défunte, à travers sa famille, ses amis ; on découvre le fiancé et sa souffrance ; on tente de comprendre sa « double vie »… Les mortes ne sont absolument pas déshumanisées. C’est aussi ce que j’ai apprécié dans ce roman.

Je suis encore partagée, j'ai passé de bons moments à me surprendre au cœur de cette enquête, puis par moment j'ai décroché. Peut-être trop de situations imbriquées et de personnages parfois durs à remettre en place et en situation dans l'enquête. Trop de choses tuent l'intrigue et trop de détails peuvent vous perdre au cœur du roman.
Un fin inattendue, qui remonte le niveau.

Je ne pense pas que Ce que savait le chat fera date dans l’histoire de la littérature policière, mais les éclairages « mode » et « communication homme-animal » apportent une petite touche originale qui permettent de passer un bon moment.

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