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Après un roman bof bof, j'avais besoin d'action. Auteure que je découvre suite à un article sur la revue "PAGES des libraires" . Pour de l'action, je suis servie. Si vous voulez savoir ce qu'est le milieu carcéral sans y mettre les pieds, lisez ce roman : tout y est décrit sans complésance. Attention aux nuits, les scènes de tortures, de bagarre sont décrites avec un tel réalisme que l'on a l'impression d'encaisser les coups, les insultes. Nous ne sommes pas prêt d'oublier Marianne, Justine, Daniel, La Marquise et Franck...

Marianne, 20 ans, meurtrière et héroïnomane, est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans. Elle a tué, non par préméditation, mais "en pétant les plombs", et le regrette amèrement. La question "Pourquoi je les ai tués ?" la taraude sans répit... Mais loin de se confondre en excuses et pleurnicheries, elle se forge une carapace de dure à cuire, elle a la rage, refuse de plier face aux menaces, aux brimades. Elle surenchérit même, quitte à rendre ses conditions de détention encore plus abominables. Un unique moyen de sortir un jour s'offre à elle, mais...

Un roman puissant sur la souffrance infinie, le désespoir, le milieu carcéral, ses règles tacites entre détenus, entre gardiens, mais aussi entre matons et prisonniers - règles souvent sauvages, impitoyables, inacceptables, sur lesquelles les autorités ferment les yeux, ce qui arrange (presque) tout le monde, sauf les victimes des sévices...

Difficile parce que ancré dans la réalité (Karine Giebel s'est formidablement documentée sur le système carcéral), difficile parce que incroyablement violent, difficile parce que l'écriture nous happe littéralement.

On est loin des thrillers montés de toutes pièces autour de personnages rocambolesques. Giebel nous plonge dans une réalité sordide, cruauté insoutenable, avec un talent incontestable. 768 pages de violences à l'état pur mais aussi d'une sensibilité à fleur de peau. On y souffre beaucoup, pleure et sourit parfois.

L'auteur fait preuve d'une empathie incroyable pour ses personnages, bons ou mauvais (et les bons sont très rares, l'auteur insistant lourdement sur leur part d'ombre). La qualité d'écriture y est pour beaucoup, une révélation pour moi.

Une aventure qui révolte souvent, dont on sort groggy et  changé.
Mention spéciale pour la fin, sans grands effets démesurés, mais au contraire touchante et, à mon sens, parfaite.

A ne pas mettre dans les mains de gens trop sensibles, ni de surveillants de prison. Devant  un tel déchainement de violence, même si les quatrièmes de couvertures sont tentantes, je ne suis pas sûre de continuer l'aventure et de lire autre chose de cette auteure.

 

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