Un soir de tempête, deux silhouettes franchissent la frontière franco-espagnole et trouvent refuge à Barras, petit village du Sud-ouest de la France. Nous sommes en 1936 et la guerre civile fait rage en Espagne. Antonio et sa femme Louisa, enceinte, décide de fuir leur pays natal afin de voir grandir leur enfant dans la paix. Barras est réputé pour accueillir les exilés, mais le village est aussi connu pour abriter une maison close, dont la notoriété dépasse largement les frontières de la commune. À la mort de ses parents alors qu'il n'est qu'un bébé, le petit Pablo se voit confié à Madame Raymonde, propriétaire de l'établissement qui l'a vu naître. Cet enfant du sérail grandira dès lors aux côtés de femmes dont les moeurs seront quotidiennement remis en question, mais dont la bonté du coeur dépasse de loin la renommée des lieux. Dans ce quatrième roman, Vincent Martorell nous propose un univers de sensualité, de personnages hauts en couleurs où le romanesque prend le pas sur l'Histoire. La Maison jaune est une histoire de vies destinées inévitablement à faire un bout de chemin ensemble.

Ce livre m'a été aimablement offert par la maison d'édition "NeoBook" en échange d'une critique et je les en remercie.

Ce qui m'a attiré en premier lieu c'est la couverture que je trouve très sympathique et tape à l'œil. Le décor est posé. La maison jaune c'est la maison close du village de Barras. Mais Barras, ce n'est pas que cela. C'est un lieu d'accueil et d'entraide pour les réfugiés qui fuient l'Espagne. Antonio veut offrir autre chose que la guerre à sa jeune épouse et son enfant à naître. Ils franchissent la frontière et arrive dans ce village qui leur offre, le gite, le couvert, le soutien et le travail. Mais voilà Antonio ne peut rester indifférent à ce qui se passe dans son pays. Après avoir mis sa famille à l'abri, il repart là-bas pour reconquérir un monde qui n'existe plus. Fait prisonnier, il est exécuté. Malgré la naissance de Pablo, Louisa ne peut survivre à son époux. D'où une question cruciale pour les barrésiens : que fait-on de Pablo, ce pauvre petit bonhomme âgé de quelques semaines ? Sa mère ayant trouvé du travail dans la maison jaune, et lui y ayant poussé ses premiers cris, c'est tout naturellement que Pablo se voit confier aux bons soins de Madame Raymonde et de ses "filles".

Comment rester indifférent face à ses femmes qui vendent leur corps pour vivre mais qui ont un cœur énorme et qui toutes ensembles donnent le meilleur à Pablo. Pablo qui résistent aux moqueries quant à son lieu de naissance, Pablo qui est doué pour le dessin, Pablo qui rêve de liberté et d'autre chose qu'une maison close. Beaucoup de sensualité et de pudeur se dégagent de ces portraits de femmes. Et puis il y a les autres, les habitants du village qui sont aussi vrais que nature. Les guéguerres entre voisins, les querelles qui durent depuis des générations et se transmettent d'enfants à enfants. Le maire qui gère sa commune comme un général, un instituteur qui n’est pas le dernier à faire des cachoteries, le boucher, l’épicier et bien sur le curé. Tous ces personnages donnent vie à ce village qui se retrouve coupé en deux car il faut sauvé la maison jaune.

Tout y est et c'est un vrai plaisir de lecture, de douceur, de savoir vivre. Bref une très bonne découverte littéraire qu'il aurait été dommage de zapper.

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