Japon, 1614. Le shogun formule un édit d'expulsion de tous les missionnaires catholiques. En dépit des persécutions, ces derniers poursuivent leur apostolat. Jusqu'à ce qu'une rumeur enfle à Rome : Christophe Ferreira, missionnaire tenu en haute estime, aurait renié sa foi. Trois jeunes prêtres partent au Japon pour enquêter et poursuivre l'oeuvre évangélisatrice... Dans ce roman encensé par la critique internationale, Shûsaku Endô éclaire une part méconnue de l'histoire de son pays. Ce roman d'aventures se fait réflexion sur le caractère universel des religions et le sens véritable de la charité chrétienne, témoignage étonnant des relations complexes entre Japon et Occident.

 

Je dois avouer que cette lecture m'a été soufflé par Monsieur  Scorsese. Lors d'une interview à la radio, il m'a donné envie de découvrir ce roman en attendant de pouvoir visionné le film. Je ne connaissais ni l'auteur, ni cette partie historique du Japon.

Les missionnaires catholiques n'ont pas seulement évangélisé les indiens d'Amérique, les africains et autres tribus oubliées. Ils sont allés jusqu'au Japon... et oui... il fallait oser mais ils l'ont fait. Mais contrairement à d'autres missions, celle ci ne fut en aucun cas couronné de succès et beaucoup de missionnaires, et de convertis, y ont laissé leur peau. La cruauté des japonnais face aux attaques n'est plus à démontrer mais ici nous découvrons les prémices des sévices qui seront utilisés lors de la seconde guerre mondiale.

Trois prêtres partent à la recherche de Ferreira, un missionnaire exceptionnel qui aurait apostasié (renié sa foi) afin de conserver la vie. Impossible aux yeux de ces missionnaires. Aucune torture ne justifie un tel acte. Alors... que s'est il réellement passé ? C'est ce qu'ils vont tentés de découvrir tout en diffusant la parole de Dieu. Mais le shogun n'a absolument pas cette vision pour son pays. Tout chrétien, qu'il soit japonnais ou missionnaire étranger est un ennemi et il doit absolument apostasié. Il doit fouler l'efumi (le visage du Christ) sinon c'est la mort qui l'attend mais pas une mort douce. Oh non... torture jusqu'au bout.

Cela fait froid dans le dos surtout lorsque l'on prend conscience que ces faits sont réels et qu'ils ont été relatés dans divers courriers. J'ai hâte de voir ce que  Martin Scorsese a retiré de ce roman de 260 pages. Le prêtre Rodrigues va être confronté au choix le plus difficile de son existence : conserver la vie humaine ou sa foi. Chaque page est souffrance : souffrance du prêtre qui voit tant d'hommes massacrés, souffrance des chrétiens qui doivent dissimulés leur foi, souffrance d'un pays sous le joug d'un shogun impitoyable, souffrance d'un clandestin. Mais chaque mot nous entraine au plus profond de nous même. 

Que ferions nous si nous étions Ferreira ou Rodrigues ? Que ferions nous si nous devions choisir la foi ou la vie ? Mais cela pose aussi la question d'imposer à d'autre personnes, peuples notre façon de vivre, de croire, d'être...

Il n'y a qu'un mot : magnifique.

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