LES FAISEURS D'ANGES - NELSCOTT, Kris

Smokey Dalton, un très bel homme qui fait tourner la tête de toutes ces dames, a fui Memphis pour protéger son fils adoptif, Jimmy, unique témoin à avoir réellement vu l'assassin de Martin Luther King, et recherché depuis par le FBI. Sous une fausse identité, Smokey vit maintenant à Chicago où il exerce divers petits métiers. Un soir, alors qu'il rentre chez lui accompagné de la jolie Laura Hathaway, seule Blanche présente au gala donné par Ella Fitzgerald en faveur des enfants orphelins de la communauté noire, il entend des gémissements venant de l'appartement de sa voisine, Marvella...
Kris Nelscott poursuit le récit des formidables enquêtes de son héros, qui débutent en 1968 avec la tragique disparition du leader de la communauté noire américaine. Dans Les Faiseurs d'anges, elle évoque un terrible drame : celui des avortements, formellement interdits, qui se terminent trop souvent à l'hôpital. Une nouvelle fois, le lecteur suit avec passion, dans une Amérique confrontée à ses éternels démons, les aventures de Smokey Dalton, éblouissant d'intelligence et... d'humanité.

Kristine Kathryn Rusch écrit sous le pseudonyme de Kris Nescott des polars fréquemment récompensés aux Etats-Unis. Les faiseurs d'anges est la quatrième aventure de Smokey Dalton, mais nul n'est besoin d'avoir lu les 3 précédents pour s'y retrouver, c'est l'avantage.

La fin des années soixante n'est pas drôle aux État-Unis, et d'autant plus si vous faites partie de la communauté Noire. C'est à partir de ce constat que Kris Nelscott a construit sa série de romans mettant en scène le personnage de privé Smokey Dalton, accompagné d'un jeune garçon, Jimmy, qu'il a adopté pour le protéger.
L'auteur évoque dans cet épisode le destin tragique réservé aux enfants noirs. La contraception est quasiment inexistante, les naissances se multiplient dans des familles (lorsqu'il y a "famille" !) toujours plus pauvres, plus délabrées, et l'avortement est illégal. Si le roman s'ouvre sur les difficultés liées à l'adoption des nombreux enfants noirs abandonnés — ceux qui ne trouveront jamais un foyer pour les accueillir —, il s'en écarte vite pour revenir sur le problème de l'avortement, les conséquences de son illégalité.

J'ai beaucoup apprécié la peinture de cette société américaine qui n'en finit pas d'en finir avec son passé ségrégationniste. J'ai aimé vivre "en vrai" par le biais de la littérature cette époque où la société noire américaine devait panser ses plaies (assassinat de Martin Luther King) et affronter l'émergence d'une nouvelle époque, plus revendicative et plus violente (le recrutement des enfants par les gangs sous couvert de les protéger et les éduquer). Grâce à ce roman, j'ai compris à que c'était à ce moment-charnière que c'était mis en place le monde que nous connaissons aujourd'hui aux USA - et ailleurs. Pour le reste, l'intrigue policière ne m'a pas complètement convaincue mais à la limite, c'était secondaire tant la peinture sociale et sociologique était intéressante.

L'enquête n'a ici aucune importance, seuls les faits historiques et sociologiques s'y inscrivent, lentement, de façon intéressante, pour qui voudrait comprendre les querelles sanguinaires des gangs américains.

Roman sur la guerre des gangs, sur la condition noire aux Etats-Unis, oui, mais roman policier, assurément, non.
 

Retour à l'accueil